Les grandes tendances de l'année sont les suivantes :

• Pour l'ensemble des donneurs décédés (donneurs décédés en état de mort encéphalique et ceux décédés après arrêt circulatoire) : en 2017, le taux global de prélèvement au niveau national est de 28,8 par million d'habitants (pmh) pour une population de 67 121 709 habitants. La progression en 2017 a surtout concerné les donneurs décédés en état de mort encéphalique, les Maastricht 3, et les prélèvements sur donneur vivant (Figure 1).
• Pour les sujets décédés en état de mort encéphalique (EME) seuls, 2017 a vu son taux national de prélèvement légèrement augmenter avec 26,8 donneurs prélevés pmh (26,5 en 2016). Le taux de recensement est de 52,7 pmh en 2017 pour 55 pmh en 2016 (Tableau P1). Le taux d'opposition à 30,5% (Tableau P2) est le plus bas constaté depuis ces 5 dernières années (33% en 2016). La moyenne d'âge des donneurs prélevés en 2017 est de 58,3 ans, soit 1,7 an de plus cette année par rapport à 2016 (Tableau P9), chiffre observé il y a 2 ans. On constate une petite augmentation du nombre de donneurs EME, mais la part des donneurs de moins de 50 ans continue de baisser, alors que la part des donneurs de plus de 70 ans progresse encore (Tableau P10). Le nombre d'organes prélevés et greffés par donneur reste stable (Tableau P19). La  progression du nombre de greffes réalisées est de fait liée à l'augmentation du nombre de donneurs prélevés(taux de conversion > 50%).

La part pédiatrique du prélèvement a légèrement baissé en 2017 (-0,3%) ; le nombre de donneurs prélevés ayant abouti à une greffe reste néanmoins stable (mais ces variations représentent de petits effectifs difficiles à analyser).

• Pour les sujets décédés après arrêt circulatoire suite à un arrêt cardiaque inopiné (DDAC-MI-II) : le programme de prélèvement sur ce type de donneurs mis en place en 2006 n'a pas progressé en 2017 (38 donneurs contre 42 en 2016). Ce programme régresse en terme de recensement cette année (1,7 à 1,3 pmh) pour la première fois depuis cinq ans (Tableau P28). Néanmoins le nombre de donneurs  prélevés reste stable  à 0,6 pmh. Trente-huit donneurs ont fait l'objet d'un prélèvement d'organes ayant abouti à 57 greffes de rein. Le programme de greffe hépatique a été arrêté en 2017 du fait de mauvais résultats sur le suivi de la cohorte.
• L'évolution des caractéristiques des donneurs EME tend vers une  forte augmentation  de leur moyenne d'âge (+1,7 an cette année), et une augmentation des facteurs de risque d'échec de la greffe liée aux comorbidités associées après 50 ans. De fait nous observons (Tableaux P8 et P19):
• Une stabilisation du nombre d'organes prélevés par donneur (de 3,36 en 2016 à 3,35 en 2017) et du nombre d'organes greffés par donneur (de 3,11 en 2016 à 3,1 en 2017);
• Une légère baisse de la part de donneurs dont au moins un organe a été prélevé mais non greffé qui ne retentit que sur le cœur.
• Par organe (Tableau P8) et selon l'âge (Tableau P9) pour les donneurs EME:
• On observe cette année une légère augmentation de la part de donneurs rénaux prélevés non greffés (+0,4%) et une augmentation (+0,2%) de la part de donneurs dont au moins un rein a été greffé cette année; ceci s'explique par la progression des donneurs à critères élargis et probablement par la poursuite de la progression du programme de mise sous machine à perfuser les reins, sans pour autant être proposée à tous les donneurs répondant aux critères UNOS. Le coût et l'organisation logistique de cette démarche sont probablement les facteurs limitants de son développement et ont fait l'objet d'une attention particulière qui sera concrétisée dans les suites du renouvellement du marché national des machines à perfuser les reins. L'étude, réalisée par l'Agence de la biomédecine en 2017, sur le devenir des reins à critères élargis mis sous machine depuis le début du programme confirme l'effet protecteur de la perfusion des reins des donneurs à critères élargis.
• La part de donneurs dont le foie a été greffé passe de 71% en 2016 à 71,2% en 2017.
• Pour le cœur, la part de donneur  pour laquelle le cœur a été greffé  régresse cette année, pour la première fois depuis 2010.
• Concernant les poumons, la situation est stable par rapport à 2017; on espère, avec le démarrage du programme machine à perfusion pulmonaire, une diminution de la part des donneurs prélevés non greffés qui s'est amorcée en 2017(-0,1%) et de fait une progression des greffes.
• Le prélèvement pancréatique a lui aussi progressé en 2017 (prélèvement et greffe).
• Parmi les donneurs prélevés en 2017, ceux âgés de 50 à 64 ans représentent 28,9% des donneurs (+0,3%) et ceux de 65 ans et plus 41,3% (+3,3%).
• Les causes de décès des donneurs EME recensés sont essentiellement cardiovasculaires, (56.6%); les autres causes varient peu.
•  De l'analyse de 2016, des pistes d'amélioration ont été évoquées et  déployées en 2017. Elles reposaient sur les actions suivantes :
• L'amélioration du recensement des donneurs en s'appuyant sur l'analyse régionale des premiers résultats du programme Cristal Action;
• La baisse du taux d'opposition en rapport avec la mise en place des nouvelles modalités d'expression du refus et les campagnes de communication sur la loi ;
• La mise en place de Cristal Image, comme aide à la décision d'acceptation des greffons.

Les chantiers de l'Agence de la biomédecine pour 2018 concernant le prélèvement seront:

• Le soutien aux équipes impliquées dans l'activité de prélèvement à partir de donneur décédé après arrêt circulatoire (MI-II et MIII) en poursuivant la démarche entreprise notamment sur le développement du programme «donneur décédé après arrêt circulatoire suite à une limitation ou un arrêt des thérapeutiques (DDAC-MIII)». Celui-ci devrait continuer de se développer en intégrant de nouvelles équipes en 2018, et en ouvrant plus la possibilité de prélever les foies et les poumons. L'extension  au  prélèvement de pancréas sera mise en place en 2018;
• La poursuite du développement de l'utilisation des machines à perfusion pour les reins (en réduisant les contraintes logistiques) et pour les autres organes (poumons, foie);
• L'amélioration et la poursuite de la progression de l'activité à partir du donneur vivant, en identifiant les freins, dont le don croisé (selon l'évolution de la loi de bioéthique) et la mutualisation des paires éligibles avec la Suisse, puis éventuellement les pays frontaliers afin d'augmenter le nombre de paires disponibles;
• L'amélioration du dossier Cristal, et notamment la consolidation de la transmission des images radiologiques entre les hôpitaux préleveurs et greffeurs, et l'informatisation du bordereau rein, mais aussi l'augmentation des échanges de données informatiques;
• La poursuite du travail sur le prélèvement pancréatique par le biais de la formation des chirurgiens préleveurs  en général, avec l'aide des chirurgiens préleveurs hépatiques;
• La poursuite et l'accentuation des échanges européens en essayant de mettre en place le prélèvement mutualisé ou délégué pour autrui.

Prélèvement sur donneur décédé en état de mort encéphalique

Les autorisations au prélèvement

Un total de 182 sites a une activité de prélèvement d'organes sur donneur décédé en état de mort encéphalique validée au 31/12/2017, soit 2,7 établissements pmh. L'activité de prélèvement couvre actuellement quasiment tout le territoire français; cependant en 2017, sept départements restent sans établissement déclaré en activité (Figure P2) et deux n'ont  pas eu d'activité.

Figure P1. Evolution du prélèvement par type de donneur en France

Figure P2. Carte de l'activité de prélèvement des départements français selon la présence d'un établissement en activité de prélèvement d'organe en 2017

Activité de prélèvement en 2017

Le nombre de sujets en état de mort encéphalique (SME) déclarés à l'Agence de la biomédecine (ou donneurs recensés) a été de 3539 (Tableau P1), soit un taux national de recensement de 52,7 donneurs recensés pmh contre 55 pmh en 2016 (-2,3 pmh). Cependant le nombre de donneurs prélevés a  augmenté (1796 vs 1770; Figure P1). L'augmentation du nombre de greffes est en rapport avec la baisse du taux d'opposition et  avec l'augmentation conjointe du nombre de donneur et du nombre d'organes prélevés par donneur (minime).
Le nombre de donneurs en mort encéphalique prélevés a  augmenté en France en 2017, puisque 1796 ont effectivement été prélevés, correspondant à un taux national de 26,8 donneurs prélevés pmh en 2016 contre 1770 soit 26,5 pmh en 2016 (Tableau P1). La proportion de donneurs prélevés parmi les recensés augmente de 2,5% cette année (50,7% vs 48,2% en 2016) (Tableau P1), probablement  en rapport avec une légère baisse du taux d'opposition (-2,5%), alors que les autres causes de non prélèvement ont peu bougé en nombre. L'augmentation du nombre de greffes est en rapport avec la baisse du taux d'opposition et avec l'augmentation conjointe du nombre de donneur et du nombre  d'organes prélevés par donneur (minime). L'élargissement des critères de sélection des donneurs touche ici ses limites en l'absence de réhabilitation des organes à prélever en «in» ou «ex-vivo» au sein de centres spécialisés comme on l'observe dans d'autres pays (E.U., Canada, Autriche).
Une meilleure utilisation des organes issus de donneurs porteurs de marqueurs viraux sans pathologie active (greffe dérogatoire) est aussi une piste à envisager, avec l'amélioration de l'accès aux données d'anatomopathologie au cours des examens extemporanées (foie) et le développement de la mise en place du fibroscan.
Le nombre de donneurs prélevés total en 2017 s'accroit néanmoins (Figure 1) en rapport avec une augmentation des prélèvements dans le cadre du programme Maastricht 3 (cf. chapitre spécifique).

Les causes de non prélèvement des donneurs

Les causes de non prélèvement sont multiples. La modification de la loi quant aux modalités de recueil du refus de prélèvement a, en 2017, modifié l'expression de l'opposition au prélèvement recueillie par les coordinations hospitalières. Le recueil des données Cristal a été modifié pour coller au texte. Il en résulte que l'opposition en tant qu'expression de la position du défunt de son vivant est de 59%, le refus du représentant légal est de 4,3% (Tableau TP4). Le refus après recueil  auprès des proches de la position du défunt va faire l'objet d'une analyse spécifique, puisque les modalités d'application de la loi ont changé en janvier 2017. Pour 2017, ceci est exprimé  par la formulation: Contexte n'ayant pas permis d'aboutir au prélèvement (depuis 2017).
Le taux d'opposition national brut parmi les SME recensés est de 30,5% (soit 1081 donneurs non prélevés pour ce motif); ce chiffre a diminué de 2,5% par rapport à 2016. Ce taux est très variable pour une même région d'une année sur l'autre. Il est à noter que ce taux de refus a tendance à s'harmoniser entre les régions sauf pour deux régions où il reste très élevé. Le taux d'opposition varie selon les régions de 23,1% en Bourgogne-Franche-Comté à 54,5% à la Réunion (Tableau TP25).
Depuis 2012, la part des donneurs non prélevés pour « antécédents du donneur » est aux environs de 10% (Tableau P1). Au total en 2017, ce sont 393 donneurs (11,1%) qui ont été récusés pour antécédents du donneur et 214 pour obstacle médical (6%) sur les 3539 recensés soit un total de 17,1%, stable depuis 2014 (Tableau P1). L'amélioration de l'évaluation en rapport avec le développement de Cristal Image, devrait aider à faire baisser en 2018 ces obstacles «médicaux» au prélèvement, comme cela a été le cas entre 2016 et 2017 (-2%). Même si l'âge en soi n'est quasiment plus considéré comme critère de non prélèvement par les équipes pour le foie et les reins (Tableau P12 et Tableau P14), le vieillissement de la population des donneurs fait néanmoins que l'âge occupe une part constante des causes de non prélèvement et ou de refus par les équipes de greffe pour le cœur et le poumon (Tableau P13 et Tableau P15). Les principales pathologies retrouvées sont les maladies tumorales (44,3%), recensées dans les antécédents et/ou de découverte fortuite lors du prélèvement, ainsi que les pathologies infectieuses (sérologies positives, maladie infectieuses évolutives) (12%). Les pathologies «autres» excluant le prélèvement restent stables à 40,7% des donneurs récusés pour antécédents comparées à la moyenne des cinq dernières années (Tableau P4).
Après une période d'évaluation de 5 ans, le décret du 23 décembre 2010 a autorisé la greffe à partir de donneurs ayant été en contact avec le VHB et le VHC (dérogation soumise à évaluation), à des receveurs de rein, de foie, de cœur et de poumon informés de la nature de ces greffons. En 2015, l'évaluation pour le VHC a été faite et a confirmé l'absence de risque avec l'encadrement réglementaire. Le rapport d'évaluation rendu au cours du dernier trimestre 2015 a permis de proroger cette possibilité dérogatoire par arrêté du 23 Décembre 2015, en élargissant toutefois les possibilités d'attribution de ces greffons en cas de détermination du génome viral (DGV) négatif. Deux cent vingt-cinq organes porteurs des marqueurs du VHB ont été greffés (+30,8%) pour 90 donneurs (+23,3%); ces chiffres sont en hausse en 2017 (Tableau P22). Cela représente 5% des donneurs EME prélevés en 2017 (+1% par rapport à 2016). Deux cent vingt-cinq receveurs ont été greffés d'un organe porteur de ces marqueurs dans le cadre d'un protocole dérogatoire VHB.
En 2017, 10 donneurs  avaient un anticorps anti-VHC positif (Tableau P22). Cela a permis de greffer 16 reins et 4 foies. Ces chiffres progressent par rapport aux années précédentes, mais si l'on tient compte du potentiel que représentent ces donneurs, le faible nombre de greffe traduit bien la difficulté, les réticences à l'acceptation de ces greffons, probablement du fait de l'information insuffisante des équipes de greffe, et/ou de l'absence de détermination du génome viral (DGV) au moment des propositions. En 2016, l'Agence de la biomédecine a mieux défini les modalités de l'utilisation de ces greffons et a fortement préconisé la réalisation en urgence des DGV pour le VHC avant l'acceptation du greffon. La mise en pratique des recommandations concernant ces greffons DGV négatifs, anticorps anti VHC positifs, permettra une meilleure utilisation de ces greffons telle que le montre la synthèse du travail réalisé fin 2015 par le pôle stratégie greffe et le pôle évaluation de l'Agence. En 2018, la grande majorité des centres préleveurs  devront être en mesure de réaliser cet examen quelle que soit l'heure du prélèvement.
Au total pour les patients porteurs de marqueurs du virus de l'hépatite B et/ou C, 237 (+25,4%) organes ont donc été greffés pour 97 donneurs, soit 2,4 organes par donneur environ, ce qui est très inférieur à la moyenne nationale. Par ailleurs, 56 organes ayant des marqueurs positifs pour la syphilis ont été greffés, ce qui représente un taux stable.

Les causes de décès des donneurs et l'impact sur le prélèvement

Les causes de décès des donneurs sont principalement les causes vasculaires (essentiellement AVC) (56,7%), puis les causes traumatiques (21,2%) les anoxies (19,1%) et les intoxications (0,3%).
Les tendances observées depuis 2005 (Figure P5), à savoir une progression des causes vasculaires et une diminution des causes traumatiques, qu'il s'agisse d'accident de la voie publique (AVP) ou d'autres non AVP, avec une augmentation de la part des décès par anoxie, se modifient légèrement en 2017: les causes vasculaires (56,7% contre 58% en 2016) et les intoxications (0,3% contre 0,5% en 2016) régressent alors que les causes traumatiques restent stables (21,2% contre 20,6% en 2016). Ces variations sont probablement en rapport avec une meilleure prise en charge, ou une prise en charge différente des patients souffrant d'accidents vasculaires arrivant aux urgences.

Causes de non greffe des greffons prélevés

Le taux de prélèvement et de greffe par donneur diminue principalement pour les âges extrêmes (Tableau P19, Tableau P20 et Tableau P21). Pour l'ensemble des organes, la part de donneurs dont au moins un organe a été prélevé mais non greffé diminue progressivement depuis 5 ans, sauf pour les reins où ce taux a progressé de 0,4% (Tableau P8).
Le nombre d'organes non greffe est stable entre 2016 et 2017 (298).
Les causes de non greffe des greffons prélevés sont détaillées par donneur prélevé dans le Tableau P17. L'item le plus fréquent reste majoritairement la mauvaise qualité du greffon (+2,3%). Environ 5% des organes n'ont pas été greffés car détériorés au cours du prélèvement et 5,8% n'ont pas été greffés du fait de la découverte d'une tumeur. En 2017, le nombre d'organes prélevés par donneur s'est légèrement accru (+0,03), mais il est difficile de savoir qui, de l'amélioration de l'évaluation, de l'amélioration des techniques de conservation (machines), de la baisse constante des durées d'ischémie, et /ou des modifications des pratiques des équipes de greffe (élargissement des indications, aide à la décision) est responsable de cette évolution. Pour certains organes (reins, poumons), les techniques de réhabilitation sont probablement la cause de cette évolution favorable. Pour les suspicions de cancer, un certain nombre d'organes ne sont pas greffés faute de confirmation histologique, une marge de progression serait possible via une meilleure disponibilité en urgence des anatomopathologistes, ou de transmission à temps (durée d'ischémie) des données de l'examen extemporané.
En 2017, la part de donneurs dont au moins un organe a été prélevé, mais non greffé a cependant légèrement diminué malgré l'augmentation de l'âge des donneurs (Tableau P8). Cette diminution s'applique au cœur, au foie et au poumon.

L'âge des donneurs prélevés

La proportion de donneurs prélevés âgés de plus de 65 ans entre 2000 et 2017 a été multipliée par un facteur 6 (Figure P6). En 2017, la progression continue après trois années de stabilisation; ils représentent 41,3% des donneurs. La part de donneurs présentant deux facteurs de risque (FDR) (parmi l'HTA, le diabète, un décès de cause vasculaire ou une créatininémie supérieure à 150 µmol/L) a été multipliée par 15 depuis 2002 chez les plus de 70 ans (Tableau P10). En dehors de ces âges extrêmes, la proportion de donneurs présentant plus de deux facteurs de risque est stable depuis 5 ans. La tranche d'âge 18 - 49 ans qui représentait 60,5% des donneurs en 2000 (Tableau P9) n'est plus que de 26,2% des donneurs en 2017 (-3,2% par rapport à 2016). Dans le même temps, le pourcentage de sujets pédiatriques prélevés en 2017 s'est accru, inversant ainsi la tendance à la décroissance régulière observée depuis 16 ans. Les actions réalisées par l'Agence de la biomédecine et les coordinations hospitalières de prélèvement depuis plusieurs années dans ce domaine ont probablement commencé à porter leurs fruits.
L'élévation de l'âge moyen des donneurs et des facteurs de risques d'échec de la greffe (Tableau P10) confirme l'intérêt du programme «machine à perfusion rénale», et de son développement, et indirectement l'éclosion des programmes de réhabilitation à venir des foies et des poumons, puisque encore 46,4% des donneurs de plus de 49 ans ont au moins 2 facteurs de risque d'échec de la greffe.
En 2017, l'âge moyen des donneurs décédés de mort encéphalique prélevés d'au moins un organe est de 58,3 ans en France (+1,7 an par rapport à 2016). La tendance observée depuis 1996 d'une augmentation de l'âge moyen se poursuit cette année (Tableau P9).
Comme en 2017, les donneurs âgés de plus de 70 ans contribuent surtout au prélèvement et à la greffe de foie et de rein (Tableau P21). Néanmoins en 2017, l'augmentation du prélèvement ne se fait pas uniquement  par recrutement de donneurs plus âgés (Tableau P18). Le nombre de donneurs de reins greffés âgés de plus de 65 ans a progressé en 2017 (aux environs de 15%) mais aussi dans une moindre mesure le nombre de reins greffés issus de la classe d'âge des 50-64 ans (1,7%). Dans la même logique, la progression d'activité de greffe hépatique en 2017 est équivalente pour les 50-64 ans et les 65 ans et plus (+6,7%). Pour le cœur, les donneurs en 2017 sont en moyenne plus âgés qu'en 2016 (+1,1 an). L'âge moyen des donneurs de poumons a légèrement diminué (-0,2 an). Cette tendance à accepter des poumons à critères élargis est liée en partie à l'augmentation du nombre de reconditionnement des greffons pulmonaires et à la volonté des équipes d'aller vers ces pratiques. L'Agence de la biomédecine et les sociétés savantes ont mis en place en septembre 2017 une organisation qui permet aux équipes d'une part de mettre en place ces nouvelles modalités de conditionnement des greffons pulmonaires, et d'autre part de faire prendre en compte leur financement par le ministère de la santé, comme ce fut le cas pour les machines à perfusion rénale.
En 2017, la part de donneurs prélevés d'un poumon reste stable (21,0% en 2017 contre 21,8% en 2016) (Tableau P23). Nous espérons beaucoup de la possibilité de transmettre les images aux équipes et du développement de la réhabilitation «ex-vivo» pulmonaire développées au cours de l'année 2017 pour augmenter le nombre de donneurs prélevés du poumon en 2018.
Cette stabilisation à un niveau élevé de l'âge des donneurs comme des receveurs dans toutes les spécialités nécessitera que nous fassions évoluer nos évaluations des donneurs, revoyons nos recommandations, notamment en terme de rapport bénéfice-risque. Elle doit aussi amener les équipes de greffe et l'Agence de la biomédecine à réfléchir à l'utilisation de ces greffons plus fragiles, en les réhabilitant, et en baissant les durées d'ischémie autant que faire se peut.

Echanges internationaux

En 2017, le nombre d'organes échangés entre la France et ses voisins européens est de 37. Sur les trois années précédentes, ce chiffre est assez stable. Cela semble correspondre à la mise en place du programme FOEDUS (dernier trimestre 2015). Cette plateforme européenne d'échange d'organes conçue pour améliorer l'accès à la greffe des groupes rares et des receveurs pédiatriques a un avenir prometteur mais reste méconnue et sous-utilisée, particulièrement par nos partenaires d'Eurotransplant. Le nombre d'exports de greffons est plus important (32 greffons dont 8 reins, 15 foies, 5 cœurs, 2 poumons) que le nombre d'imports de greffons (Tableau P11). Ces échanges se font essentiellement avec « Swiss Transplant » du fait de nos accords sur les super-urgences « foie » , mais aussi le Royaume-Uni, le CNT (Italie) et l'ONT (Espagne). L'augmentation du nombre d'importations passera par une plus grande réactivité de notre plateforme nationale quant à l'acceptation des greffons. Ces organes proposés et acceptés à l'étranger sont issus de donneurs de groupe rares (A.B) ou d‘organes pédiatriques n'ayant pas de receveur en France.

Recensement/prélèvement régional

La création de la plateforme nationale de répartition des greffons en Janvier 2010 a complété l'organisation de l'activité de prélèvement et de greffe. Le fonctionnement des établissements en réseau a permis une redistribution des activités de recensement et de prélèvement dans la plupart des inter-régions.
Globalement en 2017, le taux de prélèvement par million d'habitants a progressé pour atteindre 26,8 (+0,3). Huit régions ont vu leur taux de prélèvement progresser, trois ont régressé, les autres sont restées stables. Les Antilles ont poursuivi leurs efforts de recrutement des donneurs. La plupart des régions qui avaient un taux de prélèvement supérieur à la moyenne nationale sont restées à ce niveau. Les variations régionales varient de 7,9 pmh à 34,4 pmh, ce qui laisse supposer une marge de progression possible sur les cinq régions ayant un taux de prélèvement inférieur à 22 pmh (trois d'entre elles sont des départements ultra marins) (Tableau P24).

Le taux d'opposition des EME prélevables a plutôt franchement baissé cette année (-3,1 points). Il est à 37,6%. Treize régions ont vu leur taux d'opposition baisser, mais parmi celles-ci cinq gardent un taux supérieur à la moyenne nationale. Quatre ont vu leur taux augmenter.
S'il est à noter que ces taux sont variables d'une année sur l'autre au sein d'une même région, les régions qui ont les taux les plus bas une année gardent souvent des taux de prélèvement inférieur à la moyenne nationale l'année suivante. De même pour les régions qui progressent. Les variations de ces taux de prélèvement ne sont donc pas brutales, et sont souvent le fruit d'un travail de fond  mené sur plusieurs années par les services de la régulation et d'appui de l'Agence. L'étude de ces particularités, ainsi que les travaux en cours d'analyse de Cristal Action (recensement) et des causes de refus pourront peut-être apporter des éléments de réponse.
La modification de la loi, en particulier la méthodologie de transcription de l'expression du refus par les coordinations hospitalières et les campagnes de communication, devraient permettre aussi de poursuivre la baisse du  taux de refus. En 2017, le registre national des refus (RNR) a vu son nombre d'inscriptions progresser, conformément à l'attendu. Il est possible aussi que le mode d'inscription sur le RNR (inscription en ligne) ait contribué à ce que ce registre soit plus représentatif des souhaits de la population en matière de don.

Recensement

Figure P3. Evolution de l'activité de recensement et de prélèvement des sujets en état de mort encéphalique

Tableau P1. Evolution de l'activité de recensement et de prélèvement de sujets en état de mort encéphalique en France

Tableau P2. Evolution du devenir des sujets en état de mort encéphalique recensés

Figure P4. Evolution du devenir des sujets en état de mort encéphalique recensés

Figure P5. Evolution du devenir des sujets en état de mort encéphalique recensés

Tableau P3. Marqueurs sériques d'infection chez les sujets en état de mort encéphalique recensés en 2017

Non prélèvement

Tableau P4. Evolution du détail des causes de non prélèvement pour l'item Antécédent du donneur

Tableau P5. Détail des marqueurs sérologiques positifs en 2017 pour cause de sérologie obligatoire positive parmi les donneurs non prélevés (n= 1743)

Tableau P6. Evolution du type d'opposition chez les donneurs non prélevés pour cause d'opposition

Tableau P7. Evolution des obstacles de type médico-légal parmi les donneurs non prélevés

Prélèvement (au moins un organe prélevé)

Tableau P8. Evolution du devenir des donneurs en état de mort encéphalique dont au moins un organe a été prélevé

Tableau P9. Evolution de l'âge des donneurs prélevés en état de mort encéphalique

Figure P6. Evolution de la répartition par âge des donneurs prélevés en état de mort encéphalique

Tableau P10. Evolution du nombre de donneurs en état de mort encéphalique, prélevés d'au moins un organe présentant des facteurs de risques d'échec de la greffe

Tableau P11. Echange de greffons avec l'étranger selon l'année

Tableau P12. Evolution des causes de non prélèvement des greffons hépatiques chez les donneurs prélevés d'au moins un organe

Tableau P13. Evolution des causes de non prélèvement des greffons cardiaques chez les donneurs prélevés d'au moins un organe

Tableau P14. Evolution des causes de non prélèvement des 2 greffons rénaux chez les donneurs prélevés d'au moins un organe

Tableau P15. Evolution des causes de non prélèvement des 2 greffons pulmonaires chez les donneurs prélevés d'au moins un organe

Non greffés

Tableau P16. Evolution de la part des greffons prélevés et non greffés parmi les greffons issus de donneurs en état de mort encéphalique

Tableau P17. Evolution des causes de non greffe parmi les donneurs prélevés en état de mort encéphalique

Greffés

Tableau P18. Evolution de l'âge des donneurs décédés de mort encéphalique selon l'organe prélevé et greffé

Tableau P19. Evolution du nombre d'organes prélevés et greffés par donneur en état de mort encéphalique

Tableau P20. Evolution du nombre d'organes prélevés et greffés par donneur âgés de 70 ans ou moins (60 ans pour le coeur)

Tableau P21. Evolution du nombre d'organes prélevés et greffés par donneur âgés de plus de 70 ans (60 ans pour le coeur)

Tableau P22. Evolution du nombre d'organes greffés à partir de donneurs en état de mort encéphalique ayant des marqueurs sérologiques positifs